Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

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mat-vador
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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 06 septembre 2020, 17:29

Bonsoir à tous, c'est la suite :wink: !


Et on continue l'intrigue sur Alsakan :sournois: ! La politiqueeee :love: :love: !



Le lendemain de son retour sur sa planète natale, Tina Ap Token pressait le pas pour la salle où devait se réunir l’Archaiad. Elle venait d’apprendre que le Premier Régent avait avancé l’heure de la session.
Elle s’évita de bondir hors du turbo ascenseur et de courir dans le couloir, pour ne pas avoir l’air ridicule. Elle devait rester digne de sa fonction de Conseillère. Les gardes s’écartèrent pour lui permettre de passer.
D’un simple regard, elle comprit qu’elle venait d’arriver juste à temps. Tous les dignitaires alsakanis étaient présents, tous représentants des grandes familles nobles et marchandes de la planète depuis l’installation des premiers colons de Coruscant, peu après la création de la République. Plus d’une cinquantaine de membres composaient cette assemblée oligarchique qui veillait jalousement à ses intérêts personnels, bien différents de ceux de leur propre peuple.
Son père voulait changer cela mais la mort avait mis fin à son rêve. Elle devait prendre le relais en même temps qu’elle devait se venger.
Elle commencerait par empêcher la destitution du sénateur Kalad. Elle espérait que l’amirale Delinki avait réussi à contacter les Conseillers les plus importants et les persuader par tous les moyens de faire défection.
Son alliée lui avait conseillée de prendre la parole.
Elle se dirigea vers sa place dans le minuscule amphithéâtre, au milieu de ses partisans qu’elle avait réussi à rallier à sa cause grâce au souvenir de son défunt paternel. Elle croisa quelques regards alors que la majorité des membres de l’Archaiad étaient plongés dans des conversations mondaines ou économiques.
Un garde entra pour annoncer :
- Son Excellence, le Premier Régent d’Alsakan !
À l’unisson, tous les Conseillers se levèrent de leur signe pour saluer le chef d’État qui entra d’un pas vif, un larbin dans son sillage. Orin Melok les toisait avec suffisance, engoncé dans une encombrante toge suivi de Skan Het, ministre de la Défense et lui-même Conseiller de l’Archaiad. Ceux qui veillaient aux intérêts de leur allié Contispex se plaisaient à attiser les dissensions afin de mieux régner.
Tina allait s’assurer qu’ils allaient s’en mordre les doigts, cette fois.
Ils s’assirent à une table sur une estrade qui leur permettait de dominer symboliquement leurs pairs. Une illusion qui les confortait.
Qu’ils en profitent, pensa-t-elle.
- Bienvenue, Conseillers, fit Melok d’un ton péremptoire.
Tous prirent place. Ce fut à cet instant que le regard du Premier Régent croisa celui de Tina, qui ne cilla pas. Ils se défièrent ainsi en silence pendant quelques secondes, suffisamment longtemps pour attirer l’attention des autres dignitaires.
- Conseillère Ap Token, je suis agréablement surpris que vous ayez pu vous libérer du service du sénateur Kalad, fit-il faussement suave.
- Je tiens à cœur les intérêts de mon peuple bien plus que vous ne le croyez, Premier Régent.
- Je n’en doute pas.
Il lui adressa un sourire venimeux auquel elle répondit par sa froideur coutumière à son égard.
- En fait, je suis heureux que vous soyez présente, déclara-t-il. Car c’est bien du sénateur Kalad dont nous débattrons ce matin.
Des murmures s’élevèrent des rangs de Conseillers surpris par ces mots. Tina demeura impassible, s’efforçant de masquer la moindre émotion qui trahirait ses pensées. La politique était un monde dangereux, surtout avec une République menée par un tyran. Et une marionnette locale qui s’efforçait de lui être agréable.
- Très bien, débattons, accepta-t-elle.
Le silence s’appesantit, attendant d’être rompu par le premier intéressé.
- Le Chancelier Suprême de la République m’a fait part de son extrême mécontentement, concernant l’attitude du sénateur. Son excellence accuse le sénateur d’ingérence grave dans les affaires internes de la République et du Sénat.
- Pardonnez-moi, excellence, intervint un dignitaire alsakani. Mais étant sénateur, monsieur Kalad est parfaitement dans son rôle. Les accusations du Chancelier ne possèdent pas le moindre sens.
Melok se permit un rictus dédaigneux.
- Vous ne comprenez pas la situation, Conseiller Arestan. Le sénateur Kalad est en train de mettre en péril le traité signé avec la République à la fin de la Crise.
Des hoquets atterrés traversèrent toute la salle et Melok fut satisfait de son petit effet. Il enfonça le clou.
- Conseillers, vous devez tous comprendre ce qui est en jeu. Le traité nous garantit une autonomie politique et économique, tout en intégrant la République et en bénéficiant de ses avantages, de sa protection. Et nous risquons de perdre tout cela, à cause des lubies d’un sénateur qui a perdu le sens des réalités.
Pour conférer plus de poids à ses paroles, Tina Ap Token le vit se lever pour plus de solennité.
- Nous sommes réunis pour accomplir ce qui est nécessaire pour notre peuple et la paix. Vous allez voter la destitution du sénateur Kalad dans l’intérêt de tous.
Pour la jeune femme, le moment était venu. Elle se leva et brandit le bras au-dessus de sa tête pour réclamer à son tour la parole.
- Conseillère Ap Token, fit Skan Het.
- Merci monsieur le ministre. Je pense que la destitution du sénateur Kalad serait contraire aux intérêts de notre peuple.
- Votre position n’est guère surprenante, puisqu’il vous traîne en laisse sur Coruscant, fit remarquer le ministre.
La réplique fit rire quelques Conseillers.
- Dois-je rappeler à mes pairs que c’est le Premier Régent lui-même qui a proposé Hassan Kalad à ce poste pour nous représenter au Sénat ? Contra-t-elle.
D’autres Conseillers firent part de leur approbation d’un hochement de tête.
- Elle a raison ! S’exclama l’un d’eux.
- Le Premier Régent interprète mal les enjeux. Ce qui est en jeu n’est pas la viabilité du traité que la République nous a imposé de force après la Crise. Non, ce qui a toujours été en jeu depuis la création de la République, c’est la liberté et l’indépendance d’Alsakan ainsi que celles de nos alliés de l’Axe.
Le Premier Régent et le ministre perdirent toute once de sourire.
- Conseillers, bon nombre d’entre vous appartiennent à de grandes familles de commerçants et de marchands. Vos affaires ont-elles prospéré depuis la signature du traité ? Insista Tina.
- La République nous a volé ! Protesta un Conseiller.
- Le traité nous a ruiné ! S’indigna un autre.
L’assemblée fut traversée de cris d’indignation contre l’impérialisme de la République, avant que des clameurs de soutien au maintien du traité ne résonnèrent à leur tour.
- Silence ! Tonna plusieurs fois le ministre Skan Het.
Lorsque le calme s’imposa enfin, Tina reprit :
- Le sénateur Kalad fait tout son possible pour sauvegarder nos libertés que le Chancelier Suprême tente d’entraver. Nous devons continuer à lui apporter notre soutien ! C’est notre devoir en tant que Conseillers, en tant que patriotes !
Des cris furent scandés :
- Elle a raison ! Votons ! Votons !
Le Premier Régent afficha son incertitude par une légère déformation de la mâchoire. L’initiative lui échappait peu à peu.
Il ne pouvait pas retarder le vote, il ne possédait aucun moyen.
- Excellence ? Fit son ministre.
- Finissons-en, tança-t-il résigné.
Skan Het qui affichait une expression sombre, se leva pour demander :
- Qui vote pour la destitution et le rappel du sénateur Kalad ?
Quelques mains éparses se levèrent ici et là. Tina en compta une demi douzaine, elle commença à relâcher la pression et à se détendre.
- Qui vote contre ?
Elle se réjouit de la frustration du Premier Régent qui frappa du poing sur la table, lorsque la moitié de l’Archaiad lui manifesta son soutien. Des applaudissements retentirent même en guise de défi lorsque Skan Het concéda entre ses dents :
- La motion est rejetée.
- Pour Alsakan ! Pour la liberté ! Se réjouit le Conseiller Arestan.
- À bas la République ! À bas le tyran ! Renchérit un autre.
La séance fut levée et les Conseillers quittèrent l’amphithéâtre un à un. Alors que le ministre Skan Het s’entretenait avec quelques rares partisans de Orin Melok, celui-ci barra subitement le chemin à sa jeune adversaire politique.
- Votre excellence ?
- Vous avez gagné cette manche, Conseillère Ap Token. Mais ce n’est que partie remise.
- C’est la voix du peuple qui a parlé, Premier Régent.
- Ah vraiment ? Votre père pensait la même chose et regardez où cela l’a mené.
Le sourire fourbe de Melok n’eut pas l’effet escompté sur la Conseillère qui fronça les sourcils.
- Profitez bien de votre journée et de votre poste de Premier Régent, Melok. Car le sang de mon père réclame vengeance et notre peuple réclame justice.
Elle le contourna en lui donnant un coup d’épaule.
- J’ai des amis bien plus puissants que moi, Conseillère. Ne commettez pas l’erreur de votre père, de l’ignorer.
- Je ne suis pas mon père. Au revoir.
Elle ignora la haine que Melok exprima à son égard pour quitter la pièce. Dans le turbo ascenseur, elle activa son comlink.
- Carmina ? La position de notre ami commun est sécurisée.
- Bien, je devine que Melok ne l’a pas bien pris.
- Je crois qu’il est préférable que je me fasse oublier chez les Kalad.
L’amirale Delinki approuva en s’éclaircissant la gorge.
- J’enverrai quelques hommes sûrs là-bas, histoire de faire comprendre au Premier Régent qu’il n’a pas tous les pouvoirs.
- Merci, amirale.
- Tina, nous ne pouvons plus reculer. Je vais prévenir le sénateur.
- Que les Lunes de Cristal nous bénissent.
La jeune alsakanie coupa son appareil avant de sortir du palais. Dans la rue, elle pressa le pas pour commander un taxi et retrouver sa mère, hébergée chez les Kalad.
L’orage approchait.
La liberté de son peuple se jouerait sur Alsakan mais le sort de la galaxie se jouerait sur Coruscant.


Voilà, j'espère que cela vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette partie d'échec qui semble commencer entre Contispex et ses opposants :diable: !


Allez à la prochaine :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 13 septembre 2020, 18:02

Bonsoir à tous, c'est l'heure de la suite :sournois: !


Les Contispex sont de retour, et il est temps de découvrir la suite de leurs petites combines :diable: !

Régalez-vous :P !


Coruscant, Résidence des Contispex

Le prêtre Imesais s’inclina devant son supérieur spirituel, le Sage Suprême du culte Pius Dea à qui il présentait son apport sur les cérémonies d’expiation à venir sur la Place du Pardon. Julius Contispex assis à son pupitre de travail, consultait la liste de noms sur le datapad qui défilait de haut en bas en aurebesh.
Ces noms appartenaient à des potentats locaux provenant des mondes du Noyau, qui ne présentaient pas en soi une grande envergure politique mais étaient tout de même une source de nuisance qui empêchait au culte de s’accaparer plus de pouvoir. Intolérable évidemment pour le maître de la République et premier serviteur des desseins de la Déesse.
Il s’attarda sur un nom qui lui était familier.
- Melun Tamik, épela-t-il avec lenteur.
- C’est le frère du consul de Commenor, un des plus fervents soutiens du sénateur Enler Mansur qui a trahi notre Foi en se ralliant aux impies.
- Je suis au courant, prêtre Imesais.
- Pardonnez-moi mon empressement, Sage Suprême.
D’un geste apaisant de la main, le Chancelier lui signifia que ce n’était rien.
- La mise en accusation de Tamik affaiblirait durablement la position du consul et par là même, la position du sénateur Mansur, commenta-t-il.
- Les Disciples de Hapos sont déjà présents sur place et sont prêts à l’emmener expier ses péchés dans le Temple de la Grande Déesse.
- Alors allez-y.
Imesais accomplit une révérence pour prendre congé.
- De quoi est-il suspecté, par curiosité ? L’arrêta le Sage Suprême.
- Eh bien, des rumeurs circulent sur ses activités nocturnes. On le soupçonne d’avoir cédé aux tentations d’Amaleth, en se livrant à des orgies sataniques et à des hum actes défiant toute moralité acceptable.
- Je vois. Il est donc essentiel d’extirper le péché en lui.
- C’est pour cela que nous servons la Grande Déesse, Sage Suprême.
Contispex se contenta de hocher la tête.
- Vous n’avez rien trouvé d’intéressant sur la Maison Organa et dans leur cercle d’amis ?
- Hélas, il semblerait que ces hérétiques soient plus vertueux que le plus émérite de nos croyants, excellence.
- Hum, ils doivent bien cacher quelque chose. Continuez à chercher.
Il posa le datapad sur sa table quand le prêtre quitta les lieux. Il appuya son coude sur le bras de son siège, d’un air pensif.
Sa femme entra à son tour et il remarqua la gravité qui assombrissait ses traits.
- Tu viens m’annoncer une mauvaise nouvelle, devina-t-il.
- Alsakan, fit-elle en s’asseyant face à lui.
Il soupira alors que le soleil se hissait au zénith à l’horizon.
- Melok a échoué, donc.
- L’Archaiad a rejeté le rappel du sénateur Kalad.
Julius se leva pour se rapprocher de la grande baie de transparacier. Son épouse l’observait, lui tournant le dos pour masquer son dépit.
- Et des manifestations antirépublicaines ont eu lieu devant notre ambassade sur leur capitale Rucapar. Les Forces de Sécurité ont, parait-il, tardé à réagir.
- Ce qui signifie que Melok songe à suivre le sens du vent, conclut-il.
- Le vote de l’Archaiad a fragilisé sa position. Il va chercher coûte que coûte à s’accrocher au pouvoir.
- Quitte à se retourner contre nous. Je doutais de sa fiabilité, nous en avons maintenant la preuve éclatante.
Linza le rejoignit pour l’enlacer de ses bras.
- Je dois déployer une autre flotte, ma chérie ?
- Nous avons déjà assez d’ennemis comme ça, Julius. Les Hutt, l’Honorable Fraternité et une bonne partie de l’Armée et de la Marine. Nous devons cependant surveiller les alsakanis.
- Je vais appeler le Quartier Général de la Marine et suggérer que la Deuxième Flotte procède à des manœuvres à proximité de leur système. Histoire de faire comprendre à notre vieil ami Melok que nous gardons un œil sur lui.
Elle posa sa tête sur l’épaule de son tendre et cher.
- Tu es prêt pour la séance de demain au Sénat ?
- J’ai hâte de remettre ces limaces de Hutt à leur place et aussi Mansur, s’il s’avise de prendre la défense de cette vermine un peu trop hardiment.
L’ambassadeur Gaarba s’était finalement décidé à être reçu par le Sénat, pour imposer au nom des kadijics de Nal Hutta. Une manœuvre pour mettre pression sur le Chancelier Suprême. Julius avait l’intention de lui montrer qu’on ne le défiait pas impunément même si les Hutt faisaient preuve de bonne volonté en aidant la Quatrième Flotte à pacifier les frontières de l’Espace Bothan. Après le retrait temporaire de la Cinquième Flotte du système d’Ubrikkia.
Les deux pilotes capturés lors du raid de Tol Amn n’avaient pas été toujours libérés.
Une adepte du culte vint se présenter, paumes jointes devant la poitrine.
- Sage Suprême, le Jedi Bekan Kalad demande à être reçu.
- Ah oui, je l’avais oublié celui-là. Faites-le entrer, Sœur.
Le Jedi alsakani fut peu après introduit dans le bureau. Bekan projeta sa conscience en direction des époux Contispex, dont les échos dans la Force irradiaient d’une vague hostilité. Il n’y aura pas d’échange d’amabilités.
- Merci d’avoir pu vous libérer si vite, Jedi Kalad. Votre padawan n’est pas avec vous ?
- Il avait des choses à faire mais je ne manquerai pas de l’amener si vous appréciez tant sa présence, répondit-il.
Le sourire du maître des lieux était forcé tandis que sa femme demeura impassible.
- Avez-vous été heureux de retrouver votre père au Temple ? Lui demanda subitement Contispex.
- Je vous demande pardon, excellence ?
- Vous m’avez parfaitement entendu, Jedi Kalad.
Bekan percevait clairement la méfiance de son interlocuteur dans ses perceptions. Il choisit de rester silencieux.
- Vous suivez la politique ? Insista le Chancelier.
- Pas plus que ça, souligna prudemment son hôte.
- Votre père s’est opposé à la destitution d’un des sénateurs.
En d’autres termes, Bekan comprit que son père s’était opposé frontalement au Chancelier lui-même. Le meilleur moyen de s’en faire un ennemi irréductible.
- Et j’ai entendu dire que votre père était ensuite passé au Temple Jedi. Il a dû certainement vous contacter.
- Nous avons parlé affaires familiales.
- S’est-il entretenu avec d’autres Jedi que vous ?
Bekan flaira que cette question était un piège.
- Je l’ignore, vous devriez peut-être lui poser la question.
- Je vous considère comme quelqu’un de raisonnable et conscient des enjeux, Jedi. Je désire être certain que le Haut Conseil ne l’a pas oublié.
- Le Haut Conseil n’est pas votre ennemi.
Julius échangea un regard entendu avec sa femme.
- Mais il n’est pas non plus mon ami, nous sommes d’accord ?
- Nous pouvons renforcer par des garanties mutuelles, cette neutralité, suggéra Linza.
- Quelles garanties ? Interrogea l’alsakani.
Julius se leva de son siège puis contourna sa table pour faire face au Jedi.
- Je m’interroge quant à vos Jedi dissidents, notamment un certain Kotil Marek. Qui ne nous dit pas que votre père l’a rencontré pour échanger leurs points de vue ?
- Posez-lui la question.
Il ricana.
- Je soupçonne votre ami…
- Ce n’est pas mon ami, l’interrompit Bekan impulsivement.
- Soit. Je soupçonne votre confrère de préférer planter son sabre laser en travers de mon torse plutôt que d’entamer une discussion constructive.
- Étant donné la politique que vous menez, il est difficile de le lui reprocher.
Le chef d’État botta en touche pour se concentrer sur l’essentiel.
- Je n’ai de comptes à rendre qu’au Sénat, en ce qui concerne ma politique. Et ce n’est pas du tout le sujet.
Il se détourna pour rejoindre sa table.
- Nous nous demandons seulement si nous pouvons faire confiance aux Jedi.
- Depuis la création de la République, nous œuvrons sans cesse pour aider ceux qui la mènent vers la bonne voie. Nous sommes et serons toujours des conseillers, nous servirons toujours les principes qui l’ont fondée jadis.
Devant l’air peu convaincu du Chancelier, le chevalier insista.
- Par conséquent, les Jedi dissidents relèvent de nos propres affaires. Le Haut Conseil veillera à ce qu’ils ne soient pas une nuisance pour la République.
Bekan espérait que cela suffirait, mais Julius Contispex ne souhaitait peut-être pas relâcher la pression.
L’alsakani respira mieux lorsque ce dernier lui accorda finalement le bénéfice du doute.
- Très bien, Jedi Kalad. Je ferai confiance au Haut Conseil à condition que les dissidents ne deviennent pas un trouble à l’ordre politique ou pire. Si vous me donnez tord, je n’hésiterai pas à employer des méthodes adéquates pour le bien de la République et des citoyens, au nom du Sénat.
L’ultimatum était on ne peut plus explicite. La confiance était une notion éphémère et fragile, par les temps qui couraient.
- Je rapporterai tout cela au Haut Conseil, excellence.
- J’y compte bien, Jedi Kalad. Sachez que j’accorde une grande importance à la bonne tenue de nos relations. Le moindre doute entre amis ne peut être que contre-productif.
- Le Haut Conseil y tient aussi, vous pouvez en être certains.
Il remit son capuchon large sur la tête avant de prendre congé. Il fut raccompagné par la jeune adepte du culte.
Les époux Contispex s’animèrent, Linza prenant les devants.
- Ils méritent vraiment notre confiance ?
- Pas du tout, trancha son mari.
- C’est ce que je pense aussi. Nous devrons donc les surveiller.
Julius se permit un rictus approbateur.
- Et je sais qui pourra s’en charger. Je vais appeler le sénateur Daresh.
Linza se pencha sur sa table pour actionner un mécanisme discret. Un clavier émergea devant son époux et celui-ci valida une fréquence cryptée. La figure du sénateur Daresh flotta entre eux deux, représentant un humain de taille rabougrie et au crâne dégarni. Il semblait être vêtu d’un peignoir, preuve qu’il était dérangé dans son intimité.
Chez lui ou dans un autre endroit.
Le sénateur Daresh était un de leurs partisans effrénés ce qui lui permettait de se faire excuser ses écarts de conduite. Représentant le monde de Denon, il appartenait aux Défenseurs de la Vertu et était un membre de leur culte.
- Sage Suprême, Sœur Linza.
- Que la Déesse vous absout de vos péchés et vous guide sur le chemin de la Pureté, lui souhaita-t-elle.
- Que la Déesse vous permette d’arpenter le Chemin de la Vertu. En quoi puis-je servir les desseins de notre Mère ?
- Nous venons d’avoir une discussion intéressante avec un Jedi, commença Julius. Et tout nous porte à croire qu’ils ne sont pas dignes de confiance.
- Voilà pourquoi nous souhaitons faire surveiller leurs moindres faits et gestes en dehors de leur Temple. Pouvez-vous nous aider, frère Daresh ?
Le sénateur s’inclina en guise d’acquiescement.
- Ce serait un honneur, Sœur Linza. Je vais appeler le Colonel Hosan et lui demander d’envoyer ses meilleurs éléments.
Le Colonel Hosan, vétéran de l’Armée Républicaine, n’était autre que le chef des Gardiens de la Pureté. Bien que n’appartenant pas officiellement au culte, il soutenait et partageait l’humanocentrisme du Chef d’État au pouvoir. Il n’était pas difficile pour ce dernier de nier ouvertement le moindre lien qui les relierait, puisqu’il n’en existait pas vraiment. Toujours est-il que les Gardiens de la Pureté avaient leur utilité en semant la terreur aux cotés des Disciples de Hapos. Ils étaient devenus un soutien de poids pour le nouveau régime, grâce à leur surreprésentation dans l’élite sociale et militaire de la République.
- Une dernière chose, frère. Veuillez préciser au colonel Hosan qu’il est préférable d’éviter tout incident avec les Jedi. Nous n’avons pas besoin de les encourager à devenir nos ennemis.
- Certainement, Sage Suprême. Je n’omettrai pas de rappeler au colonel à quel point il est dans son intérêt de vous obéir.
L’hologramme du Défenseur de la Vertu disparut avant que Julius ne se tourna vers sa tendre moitié.
- Et maintenant ?
- Laissons nos ennemis agir les premiers, suggéra-t-elle avec une expression détendue.

Voilà, j'espère que cela vous a plu! Ca vous a plu de revoir les Contispex, sans les pervers que sont Ethan et Leli :diable: hein ?

Allez à la prochaine :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 20 septembre 2020, 17:07

Bonsoir, c'est l'heure de la suite!

Cet extrait un peu particulier vous permettra de découvrir le fonctionnement de la secte Pius Dea, avec un sénateur qui profite de ses avantages :sournois: !

Je vous laisse découvrir ça :sournois: !


Coruscant, Temple de la Grande Déesse

Le Temple de la Grande Déesse trônait en tant que grande structure pentagonale parmi les habitations de la Cité Galactique. Les cinq tours de guet qui en hérissaient les sommets lui donnaient l’apparence d’une forteresse inexpugnable. Chacune de ces tours abritait un micro et un prêtre assistant qui appelait les fidèles à la prière à la levée du jour et à la tombée de la nuit.
L’écho de leur appel résonnait au-dessus des autres habitants pour montrer à tous que le culte était le véritable maître du centre. Un appel qui les encourageait à venir rejoindre les fidèles. Beaucoup de gens – humains, est-il besoin de le préciser – s’empressaient de venir au Temple pour convaincre qu’ils adhéraient à la Foi.
Un prêtre assistant cria dans le micro alors que le soleil avait fini de décliner :
- Frères et sœurs, rejoignez la demeure de la Grande Déesse. Honorez la seule et véritable divinité, et profitez de ses bienfaits !
Devant les cinq entrées, abritées sous de grandes arches, les badauds se pressaient par milliers, attendant l’ouverture des grandes portes en bois. La grande majorité était venue en famille, avec époux et enfants, voire petits enfants.
Dans des claquements de duracier qui composaient les gonds et les craquements de bois wroshyyr, les battants s’écartèrent sous l’effort de dizaines de disciples chauves en toge pourpre. Ils encadrèrent ensuite les visiteurs pour les amener jusqu’au sanctuaire qui se dressait au milieu de la cour circulaire.
Ils passèrent entre les quatre bâtiments rectangulaires qui abritaient les croyants dont la fonction était d’honorer un des Quatre Prophètes. Le bâtiment au nord hébergeait les Disciples de Hapos, celui de l’est les Savants d’Acalas, celui de l’ouest les Défiantes d’Amaleth et enfin celui du sud, les Servantes de Kasili.
Le sénateur Daresh était logé dans l’aile est, celle des Savants d’Acalas. Au plus haut étage, se trouvait sa chambre, préparée avec grand soin par le Grand Prêtre Imesais qui officiait lors des cérémonies d’Expiation.
Le Défenseur de la Vertu qui représentait le monde de Denon au Sénat Galactique regardait par la fenêtre l’afflux impressionnant des visiteurs qui répondait à l’appel du prêtre assistant. Tous convergeaient vers le sanctuaire, pour venir prier et honorer la Déesse.
Le Grand Prêtre devait venir bientôt le rejoindre avec son cadeau habituel. Il honora son rendez-vous, une jeune twi lek à la peau bleue dans son sillage.
- Frère Daresh.
Le sénateur rajusta son peignoir avant de joindre les paumes devant sa poitrine.
- Grand Prêtre Imesais, que la Déesse vous guide sur le chemin de la Pureté et vous permette d’éclairer les incroyants.
- C’est ce à quoi j’œuvre depuis toujours, sénateur. Veuillez m’excuser, les banthas égarés ont besoin de découvrir la parole de la Déesse.
- Bien sûr, je ne veux pas vous retenir davantage. L’œuvre que vous accomplissez est indispensable pour le salut de tous.
- Profitez de votre cadeau.
Le Grand Prêtre du culte s’éclipsa, laissant le sénateur de Denon avec la jeune twi lek vêtue d’une robe simple et grossière en haillons, qui avait perdu de son éclat. Au milieu de son front, s’affichait une croix sombre ancrée profondément dans sa peau.
Signe qu’elle avait été marquée au fer rouge lors d’une récente cérémonie d’expiation sur la Place du Pardon.
Elle s’approcha timidement, la tête baissée, ses lekkus se balançant doucement sur ses frêles épaules. Elle n’osait regarder le visiteur.
- Maître, salua-t-elle.
- Mithi, c’est bien cela ?
Elle sursauta.
- Vous me connaissez ? Balbutia-t-elle.
- Un ami, le sénateur Xolaah, a vanté vos… mérites.
La twi lek releva la tête, une lueur intense étincelant dans ses yeux.
- Vous l’avez apporté ? Demanda-t-elle.
Il hocha simplement la tête, dévoilant une des mains qu’il cachait dans son dos. Sa paume s’ouvrit pour montrer la prothèse d’une petite main artificielle, de laquelle pendait de minuscules ficelles. Elle voulut s’en saisir mais il retira son bras à cet instant, pour poser la prothèse sur une table basse. Devant le lit.
- C’est pour ce jeune cathar qui a été amputé lors de la cérémonie d’expiation à laquelle vous avez vous-même participé ?
- C’est exact, maître.
- Comment s’appelle-t-il ?
- Malk, maître.
Il acquiesça discrètement. Pour réprimer son angoisse, Mithi serra ses mains l’une dans l’autre, jusqu’à faire craquer ses articulations. Le Défenseur de la Vertu le remarqua sans mal.
- Je ne te ferai aucun mal, tenta-t-il de la rassurer.
La non humaine ne sut quoi penser. Elle ne vit rien sur son visage qui trahissait sa mauvaise foi mais elle ne pouvait se permettre d’oublier qu’elle avait face à elle, un adepte de la secte Pius Dea. Il la considérerait comme une inférieure.
Ces adeptes étaient tous semblables, croyant unanimement en la supériorité des humains sur les non humains. Elle lui inspirait peut-être un peu de sympathie, mais cela ne changerait pas la donne. Elle resterait prisonnière ici.
- Je vous crois, maître.
- Je te donnerai cette prothèse si tu me satisfais.
Elle comprit à son sourire ce qu’il insinuait. Évidemment, cet homme avait besoin d’être satisfait, il n’avait tout de même pas fait tout ce chemin pour faire preuve de générosité. Elle se demandait néanmoins s’il était marié et avait des enfants, tout comme le sénateur Xolaah. Pourquoi certains individus éprouvaient-ils encore le besoin de se sentir jeunes ?
- Bien sûr, maître.
Le sénateur s’assit sur le lit, dégrafant son peignoir par le milieu. La jeune twi lek à la peau bleue se retourna par pudeur avant d’enlever sa robe d’un coup sec. Elle la laissa tomber sur le sol, à ses pieds.
Elle ferma les yeux pour se concentrer, elle commençait à en prendre l’habitude depuis son arrivée ici. Pour Malk, elle continuerait de se sacrifier.
- Ils te maltraitent.
Il avait étudié les longues cicatrices qui zébraient son dos et en avait aisément déduit la cause. Tentait-il de faire preuve de compassion ?
- Nous montrons notre dévotion à la Déesse, maître. C’est ce qui doit nous permettre d’arpenter le Chemin de la Pureté. En tant que non humains, nos nouveaux frères humains nous expliquent que nous sommes souillés par le péché originel et que nous devons en être libérés pour nous rapprocher de la Déesse. Nous nous libérerons de nos fautes par la prière et le don de soi.
Le Défenseur de la Vertu semblait approuver.
- Il faut en effet consentir bien des sacrifices pour se montrer digne de la Déesse et des Quatre Prophètes. Je suis certain que tu es une servante dévouée à cette noble cause.
- C’est ce que le Grand Prêtre me déclare. Je suis pour toujours au service de la Déesse et de ses Enfants. À votre service, maître.
Elle déclamait tout cela d’un ton très impersonnel, presque soumis. Daresh ne laissa rien paraître de ses émotions.
- Mais tu fais aussi cela, pour ce jeune cathar.
- Il mérite d’être aidé, c’est un bon croyant qui aspire à suivre la Voie de la Pureté, plaida-t-elle. Je tente de le guider sur cette voie.
- T’écoute-t-il ?
- Il m’apprécie beaucoup.
Il lui accorda un sourire lorsqu’elle daigna se tourner vers lui. Elle se serra les bras, les croisant devant sa poitrine. Sans doute intimidée de montrer sa nudité devant cet humain qui faisait deux fois et demi son âge, ou à cause du froid.
- Approche.
Elle se força à marcher un pas après l’autre, relâchant ses bras le long du corps, redressant le buste. Elle se plaça face à lui, le dignitaire s’étant assis au bord du lit. Elle resta calme lorsque ses doigts noueux palpèrent sa poitrine.
- J’aimerais que tu me montres la force de ta dévotion.
- Ce sera un honneur, maître.
Il se coula sur la couverture avec vivacité, l’invitant à le rejoindre. Elle grimpa sur le lit et le chevaucha, calant ses cuisses contre ses hanches. Il écarta les pans de son peignoir et elle ferma les yeux, essayant de se souvenir des paysages déchirés de Ryloth qui avaient bercé son enfance.
Ils se mirent à la besogne et leurs cris rauques étranglés se mêlèrent étroitement, alors que les visiteurs au sanctuaire de la Déesse, psalmodiaient, guidés par les croyants du culte et leur Grand Prêtre qui s’efforçait de leur montrer la voie.
Mithi entendait leurs clameurs, elle tenta de s’imaginer que ce n’était que le rugueux murmure des tempêtes de sables qui balayaient les Terres Illuminées sur son monde natal. Mais elle se rappelait pourquoi elle se trouvait loin de tout ça.
Pour Malk.
Daresh n’était pas le pire humain qu’elle avait rencontré. C’est pourquoi elle essaya de se procurer un peu de plaisir, juste un peu.
Juste un peu...

Voilà, j'espère que cela vous a plu :whistle: ! La twi lek en question est celle qui se fait marquer le front au fer rouge au début de ce tome :roll: ...

Allez à la prochaine pour la suite :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 27 septembre 2020, 16:30

Bonsoir à tous !

Allez on continue sur la secte, la prisonnière twi'lek... :sournois: ! J'en dis pas plus :roll: !

Tindin !!!!


Lorsque le Grand Prêtre vint les retrouver dans la chambre après la fin de son office, il demanda au sénateur s’il était satisfait. Celui-ci avait répondu positivement et Imesais avait alors appelé deux Disciples de Hapos pour raccompagner la jeune twi lek jusqu’à l’aile réservée aux Défiantes d’Amaleth.
Les deux gardes l’escortèrent en silence jusqu’à l’entrée de ce bâtiment. Jusqu’au couvre-feu, Mithi savait qu’elle pouvait circuler à peu près librement dans cette aile. Elle serrait discrètement entre ses paumes, dans une posture faussement dévote, la prothèse artificielle en bois qu’elle avait reçue en guise de paiement pour sa… prestation.
Une prothèse destinée à un jeune cathar amputé et orphelin.
Elle le retrouva au deuxième étage, au milieu d’un corridor désert qu’il balayait avec un balai usé. À cause de sa mutilation, il ne le tenait pas très adroitement et cela le gênait dans son travail. La tunique trop longue pour lui et en mauvais état, l’aidait encore moins, évidemment.
Il était courbé, le regard vide qui évoquait celui d’un droide. Mithi savait pourquoi.
Cela remontait à cette funeste cérémonie d’Expiation au cours de laquelle elle avait été marquée. Au cours de laquelle cet enfant avait perdu sa mère en plus de sa main droite. Le traumatisme était encore virulent.
Elle faisait tout pour le soulager.
Elle jeta un regard méfiant en direction d’une Disciple de Hapos malingre à l’allure juvénile. Un humaine adolescente au crâne rasé qui sortait à peine de l’enfance mais dont les traits grimaçaient d’une dureté distante.
Si jeune et déjà pervertie par l’idéologie sectaire du culte radical… cette jeune fille surveillait le jeune cathar, adossée au mur, le martinet électrique à la main. La twi lek attira l’attention du cathar, malgré la présence de sa Némésis.
- Malk ?
Le cathar dressa la tête vers elle et son expression féline s’illumina d’un peu de joie.
- Mithi !
Son éclat déplut à l’adepte du culte qui s’avança pour le fouetter.
- Silence dans la demeure de la Déesse !
Il était évident pour elle que tout était un prétexte pour châtier son prisonnier. Mithi s’interposa et se fit cingler par les bras par les lanières électrifiées. Elle maîtrisa sa douleur sans tenter de riposter.
- Sœur, s’il te plaît ! Implora-t-elle.
La jeune humaine s’immobilisa.
- Que lui veux-tu, impure ?
- Je veux seulement donner à frère Malk, un cadeau de la part du Grand Prêtre.
Les derniers mots apaisèrent la croyante zélée qui recula d’un pas.
- Très bien, mais fais vite. L’œuvre au service de la Déesse ne doit pas être interrompue durablement.
- Bien entendu, Sœur, concéda la twi lek.
Elle se pencha vers le jeune cathar qui était terrifié par sa gardienne.
- Regarde, j’ai quelque chose pour toi.
Elle lui tendit la prothèse en bois qu’il s’empressa de prendre avec sa main gauche, la fixant avec fascination.
- C’est… c’est pour moi ?
- Tu devrais l’essayer, lui suggéra-t-elle.
Elle retira le manche de la tunique qui enveloppait son moignon droit et plaça la prothèse grâce aux fines cordes qui l’entouraient. Elle s’écarta de lui pour le laisser se familiariser avec sa nouvelle main.
Évidemment, cela ne valait pas une prothèse cybernétique mais cela était toujours mieux que rien. Malk secoua sa prothèse pour vérifier qu’elle tenait bien en place et s’efforça de caler le manche de son balai contre sa nouvelle main.
Avec succès.
- Merci, Mithi ! s’exclama-t-il.
Il semblait aux anges et cela réconforta sa tutrice. Au moins, elle ne se sacrifiait pas en vain. Cela valait la peine de satisfaire les désirs charnels des Défenseurs de la Vertu.
Une sonnerie résonna au-dessus de leur tête, une annonce solennelle prononcée par l’un des prêtres assistants.
- Les repentants doivent regagner la cellule principale.
La journée de labeur au service de la Déesse et des Quatre Prophètes était donc terminée. La jeune croyante agita son martinet. Le cathar posa son balai dans un coin du couloir et prit la main de sa camarade twi lek.
Ils descendirent au sous sol pour franchir l’entrée farouchement gardée par trois Disciples de Hapos, pris dans le flux de dizaines d’autres prisonniers non humains qui portaient comme eux des tuniques ou des robes en piteux état.
La cellule principale était une gigantesque pièce entièrement composée d’un froid duracier du sol jusqu’au plafonds, dont la superficie s’étendait sur une centaine de mètres carrés. Des paillasses étaient disposées au sol, sillonnées de chaînes, destinées à entraver les repentants.
Malk et Mithi allèrent s’installer à leur place habituelle contre le fonds de la prison. Ils s’assirent, attendant que tous les prisonniers soient entrés.
Cela fait, une vingtaine de Disciples de Hapos solidement bâtis, pénétrèrent à leur tour dans la cellule, parcourant les rangs des détenus, qu’ils enchaînaient les uns après les autres. Mithi sentit la morsure des fers autour de son cou, de ses poignets et de ses chevilles, tandis que l’orphelin cathar était retenu seulement par le cou au mur.
Bien que sa mobilité fut amoindrie, la jeune twi lek marquée au front posa ses mains sur les épaules du garçon pour le rassurer.
Un prêtre assistant fit irruption.
- Frères et Sœurs égarées, commença-t-il.
Il écarta les bras, faisant flotter sa toge brune.
- Votre présence parmi nous est un signe envoyé par la Déesse, notre mère bienfaitrice. Vous êtes ses créations pourvues d’imperfections qui doivent être guidées sur la Voie de la Pureté.
Il commença à déambuler, exalté.
- Oui, vous êtes égarés ! La Déesse à travers la Sagesse de Kasili a rendu son jugement ! Mais vous n’êtes pas perdus pour autant.
Il fixait le mur droit devant lui.
- Vous méritez d’être sauvés, d’être éclairés ! Et vous n’y parviendrez que si vous croyez en la Déesse, en sa bonté et en sa miséricorde !
Mithi soupira, car ils avaient tous droit au même discours chaque jour qu’ils passaient ici.
- Écoutez les paroles du Sage Suprême, entendez les voix des Enfants de la Déesse car son message de paix et d’amour s’exprime à travers eux. En nous offrant le soleil et les fruits des mondes qu’elle a crées, elle nous encourage à la suivre, à l’honorer.
Les martinets électriques s’agitèrent tout à coup dans les poings des Disciples de Hapos. Malk tressaillit comme d’habitude, avant que Mithi ne le serra contre lui.
- Ne bouge pas, ne crie pas, lui murmura-t-elle avec ferveur.
Les gardes du culte levèrent leurs instruments et cinglèrent méthodiquement chacun des prisonniers, des lanières électrifiées qui arrachèrent des grognements, des gémissements.
- Vous devez prouver votre dévotion à la Déesse, pas seulement en l’aimant ! S’exclamait le prêtre. Vous devez lui donner vos âmes, laisser le bras armé de Hapos endurcir vos corps pour raffermir vos cœurs ! Vous devez être purifiés, chaque jour que la Déesse vous accorde !
Mithi vit le Disciple de Hapos le plus proche d’eux, progresser. Elle se tourna pour offrir son dos et blottir Malk encore plus contre elle. Pour le protéger.
- C’est bientôt fini.
Elle ferma les yeux pour se préparer. Les brûlures qui sillonnèrent subitement sa peau, la firent presque crier, malgré sa mâchoire serrée.
Une fois, deux fois, trois fois.
Sa purification cessa à son grand soulagement. Elle se tourna lentement, engourdie par la douleur lancinante.
- Tu saignes, lui fit Malk.
Elle contorsionna la tête par dessus son épaule, repoussant ses lekkus, pour apercevoir une tâche écarlate saillir sous sa robe, dans le dos. Sous les coups, une de ses plaies s’était rouverte.
- Ça cicatrisera, répondit-elle.
Les Disciples de Hapos reculèrent en bon ordre vers la sortie de la grande cellule, pour laisser place aux Défiantes d’Amaleth. Ces croyantes encapuchonnées vêtues de toges mauves, exclusivement femmes humaines, s’approchèrent en donnant des châles aux détenues non humaines comme les togrutas, les zabraks ou les twi lek.
- Que les pécheresses couvrent les instruments de tentation dont les a dotés la Prophétesse de la Débauche ! Ordonna le prêtre assistant. Ceux qui aspirent à la Voie de la Pureté ne doivent pas être détournés du droit chemin !
Mithi saisit le tissu que lui tendit une Défiante et l’enroula lentement autour de sa tête et de ses lekkus.
Leur distribution achevée, les Défiantes d’Amaleth s’éclipsèrent avant que les Servantes de Kasili, vêtues de toges marécages, ne prirent le relais. Celles-ci portaient entre les mains des bols de victuailles ou des carafes opaques.
Les premières offrirent des morceaux de poulet Kulpo que les détenus s’empressèrent d’avaler, au risque de s’étouffer.
- La Déesse dit : mangez, car ceci est mon corps ! Proclama le prêtre.
Mithi en prit le plus possible et sacrifia un peu de sa part pour l’offrir au cathar. Malk ne se fit pas prier.
Les Servantes qui tenaient les carafes, se penchèrent vers les prisonniers, pour leur donner à boire.
- La Déesse dit : Abreuvez-vous, car ceci est l’essence de la vie qui anime chacune de mes créations !
L’eau fraîche fit tousser la jeune twi lek et le petit cathar qui ne s’étaient pas désaltérés la moitié de la journée.
Le prêtre assistant les harcela de nouveau :
- Priez la Déesse !
Un à un, les détenus se mirent à murmurer plus ou moins distinctement :
- Ô Déesse, toi qui nous a crées, accorde nous une nuit paisible que nous puissions mieux te servir le lendemain. Pardonne-nous nos péchés et bénis-nous, nous qui sommes tes enfants ! Préserve-nous de la malice d’Amaleth et de la brutalité de Hapos, élève-nous vers le savoir d’Acalas et la sagesse de Kasili !
Ils répétèrent ce refrain jusqu’à ce que les adeptes de la secte quittent leur cellule, après avoir accroché des torches aux murs.
Mithi s’allongea sur le flanc, tentant d’apercevoir le reflet de la lune à travers le soupirail qui fendait le coin de la cellule, sur sa gauche. Elle soupira, éprise de mélancolie à l’idée qu’elle ne reverrait pas son monde, ni sa famille.
Depuis son expiation sur la Place du Pardon, cette humiliation publique où elle avait été marquée au fer rouge en plein front, elle se demandait pourquoi elle aurait mérité cela. Pourquoi elle était traitée de cette façon ?
Les lueurs des torches diminuaient lentement, privées de combustible. Il lui fallait laisser ses paupières lourdes se clore inexorablement, pour qu’elle puisse s’évader dans des rêves moins durs. Croire que ses rêves était une réalité plus supportable que ce qu’elle vivait.
Elle était née dans le ghetto, y avait grandi puis avait sombré dans la mendicité et la prostitution pour manger et rapporter à manger à ses deux frères et à sa mère invalide. Elle n’avait jamais connu l’espoir d’une vie meilleure et n’était sans doute pas près de la connaître.
Elle pourrait très bien refuser de s’alimenter et se laisser mourir, personne ne l’en empêcherait.
- Mithi…
La voix fluette du cathar l’appelait, la tirant de son début de sommeil.
- J’essaie de dormir, Malk, le réprimanda-t-elle.
Elle sursauta lorsque la petite main velue saisit la sienne.
- Tu… tu veux bien être ma maman ?
Elle fut troublée par cette émotion étrange qu’elle n’avait jamais senti auparavant. Elle ne connaissait Malk que depuis quelques jours et il s’était attaché à elle. Elle lui caressa le pelage de son visage félin, en tentant de sourire malgré les ombres.
- Oui, je veux bien être ta maman.
- Je peux t’appeler maman ?
Le garçon rayonnait de joie, cela s’entendait à sa voix.
- Si tu veux, lui accorda-t-elle.
- Je t’aime bien, tu sais.
- Moi aussi, je t’aime bien. Maintenant, essaie de dormir.
Elle l’entendit bredouiller comme s’il était honteux.
- J’ai peur du noir.
Elle comprit ce qu’il voulait dire. Il ne voulait pas se sentir seul. C’est pourquoi elle n’hésita pas à ramper vers lui et à le serrer contre elle. Il se laissa faire et elle le surprit en train de sombrer dans un sommeil bien plus rapide que le sien.
Elle se sentit alors beaucoup plus légère. Elle avait trouvé une raison de vivre et elle ferait tout pour ne pas perdre cela.

Voilà, j'espère que cela vous a plu ! C'est une vraie colonie de vacances, ce Temple :D !

Allez à la prochaine :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 04 octobre 2020, 16:18

Bonsoir à tous, c'est l'heure de la suite !

Retour au Sénat et du Chancelier constipé :diable: ! La politique, mes chers amis... la politique !!!!

Allez zou !!



Sénat Galactique, le lendemain

Tali Organa ignora pendant quelques instants les discussions animées qui flottaient dans l’assemblée. La majorité de ses collègues était d’ores et déjà réunie sur les gradins, de part et d’autre de la chaire du Chancelier Suprême.
Ce n’était pas ce qui intéressait le plus la dignitaire alderaanienne. Non, elle guettait le retour de son ami commenorien dont l’absence prolongée commençait à l’intriguer. Elle espérait que tout irait bien.
Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé, priait-elle intérieurement.
Éprise d’une angoisse croissante, elle songea à ce qui était arrivé à la sénatrice selkath Lonleth B’lsak, le jour où l’Honorable Fraternité avait vainement tenté de destituer Contispex. Même un sénateur ne pouvait être durablement en sécurité au cœur de la Cité Galactique.
Elle remarqua alors que le sénateur Kalad était assis à sa place tout comme la majorité des représentants de l’Axe, les systèmes stellaires alliés d’Alsakan. Elle ne fut pas vraiment surprise lorsque la selkath, assise à ses cotés, entamait une discussion avec lui.
Discussion qui était visiblement animée, à en juger par les traits crispés de l’alsakani et les gestes saccadés du poignet de la non humaine.
Discussion si animée, qu’elle parvint à en saisir quelques brides, malgré les cinq rangées de gradins qui l’en séparaient et le brouhaha ambiant.
- Ils ne nous font pas confiance, insistait-elle.
Organa s’interrogea sur le ils. De qui pouvait-il s’agir ?
- Je les convaincrai, promit-il en retour.
- Je le souhaite de tout cœur car ils pensent qu’ils ne seront que des pions dans notre jeu d’échec. Ils auront beaucoup à perdre, sans avoir la certitude qu’ils pourront en tirer le moindre fruit.
- La fin de l’oppression devrait leur suffire.
- Il leur faut plus que cela, vous ne pouvez pas leur demander de s’engager aveuglément pour notre cause.
- C’est aussi la leur, rappela-t-il.
Les appendices de la sénatrice de Manaan s’agacèrent sous le coup d’une irritation contenue difficilement.
- Ils ont le sentiment d’avoir été abandonnés pendant trop longtemps, ils ne s’engageront pas avec de vaines promesses.
- Je les persuaderai de me faire confiance, comme tous nos alliés.
- Vous demandez à nos alliés de vous faire confiance mais il serait peut-être temps de rendre la politesse, Hassan.
Conscient d’avoir été quelque peu maladroit, l’alsakani voulut se reprendre :
- Lonleth, nous vivons une époque dangereuse. Je ne peux pas me permettre de dévoiler nos secrets sans nous trahir.
- Parce que vous croyez être le seul à prendre tous les risques mais ce n’est pas le cas. N’oubliez pas que tous ceux qui nous suivent, risquent au moins autant que nous. Si vous voulez unifier tout le monde, vous devez accepter des compromis.
Elle posa sa main sur la sienne avant de se lever pour reprendre sa place de l’autre coté des gradins. Tali la vit passer devant elle et songea à l’interpeller. Elle ne franchit guère le pas, ce n’était sans doute pas le bon moment.
À cet instant, Enler Mansur fit son entrée à pas vif. Il subit les regards haineux d’une bonne partie des Défenseurs de la Vertu avant de s’asseoir juste devant sa collègue alderaanienne, qui avait étudié son expression soucieuse.
Il l’avait à peine saluée, ce qui n’était pas ordinaire de sa part.
- Sénateur, tout va bien ?
Il lança prudemment par-dessus son épaule.
- Ce n’est pas le bon moment pour en parler.
Elle avait compris à sa voix raide qu’une nouvelle récente semblait l’avoir sérieusement ébranlé. Elle crut bon d’insister.
- Les débats n’ont pas encore commencé.
Enler s’autorisa finalement à croiser son regard.
- Ils ont arrêté le frère du Consul de Commenor, avoua-t-il.
Le Consul de Commenor n’était autre que l’allié du sénateur, celui-ci lui devant en effet son poste actuel au Sénat, après son soutien lors des élections locales. L’arrestation d’un de ses proches était loin d’être anodine.
La manœuvre visait clairement à déstabiliser son allié pour l’affaiblir, par ricochet.
- Je suis désolée de l’apprendre. Où le détiennent-ils ?
- Sur Coruscant même, au Temple de la Grande Déesse. J’ai entendu dire que les Disciples de Hapos l’avaient placé en isolement.
La vieille dignitaire baissa la tête, les rides creusant un plus profondément.
- Ils veulent le briser.
- Contispex m’envoie un message. S’il peut atteindre le Consul, il peut m’atteindre aussi, fit-il observer. Ils pourraient s’en prendre à vous.
Cette fois, Tali ne put se retenir de sourire.
- S’en prendre à quelqu’un d’aussi âgé que moi ? Ce serait très courageux de leur part, persifla-t-elle.
Enler se détendit un peu, tout en conservant une mine sombre.
- Qu’avez-vous l’intention de faire ? Demanda-t-elle.
- Je… je ne sais pas.
Il était désemparé même s’il n’en laissait rien paraître. Tali Organa devinait le dilemme qui le rongeait. Si le frère du Consul avait été emprisonné et non éliminé, c’est parce que ses ennemis avaient l’intention de s’en servir comme moyen de pression.
L’Honorable Fraternité n’avait pas besoin que son représentant le plus illustre lui fasse défaut à un moment si critique.
- Courage, l’exhorta-t-elle.
Il hocha seulement la tête. Bientôt le silence tomba lorsque le Chancelier Suprême entra dans l’arène pour s’installer à la chaire qui lui était réservée. Julius Contispex échangea quelques mots avec le chambellan qui s’avança au milieu de l’assemblée pour claironner.
- Frères et Sœurs, dignes délégués des systèmes membres de la République. Son excellence, le Chancelier Suprême et premier messager des paroles de la Déesse, vous demande de souhaiter la bienvenue au nouveau sénateur d’Anaxès. Accueillez notre nouveau frère, le sénateur Elesc !
Un homme fin et jeune, à la démarche pas très assurée, au crâne chauve, fit son apparition, sous les applaudissements des Défenseurs de la Vertu.
- Bienvenue, frère ! Bienvenue !
Le nouveau délégué, adepte du culte, rejoignit bien évidemment leurs rangs, sous les huées des gradins d’en face.
- Allons, silence ! Réclama le chambellan.
Les Défenseurs de la Vertu se rassirent pour laisser s’exprimer le Chef d’État.
- Sénateurs de la République, les débats d’aujourd’hui porteront sur les réclamations des kadijics Hutt suite aux récents incidents ayant éclaté le long de la frontière. Que la lumière de la Déesse nous éclaire de sa Sagesse.


Voilà, j'espère que cela vous a plu ! Les débats vont donc commencer à propos des Hutt :sournois: !! Héhéhé...

Allez à la prochaine :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 18 octobre 2020, 18:55

Bonsoir, c'est l'heure de la suite!

Dans cet extrait, les Hutt vont cristalliser les tensions au plus haut sommet de la République ! Place au Sénat et aux débats, chers lecteurs et lectrices :sournois: !

Et convertissez-vous :x :x :x ! Pius Dea !!!!


Les Défenseurs de la Vertu acclamèrent à tout rompre avant que le chambellan ne disparut par la grande porte pour réapparaître quelques instants après devant les pairs du Sénat.
- Son excellence, l’ambassadeur Gaarba Hestilic Uruth, représentant des kadijics de Nal Hutta, demande une audience pour présenter ses doléances.
Gaarba le Hutt se présenta au milieu du Sénat, en rampant avec vivacité et escorté de son droïde interprète. Une garde personnelle de dizaines de klatooiniens et de weequays armés de vibrolances et de blasters, l’entourait pour assurer sa sécurité. Un mal nécessaire dans une capitale sapée par un sentiment humanocentriste.
Gaarba grogna quelques mots dans son dialecte guttural et peu élégant, traduits aussitôt par son interprète.
- Son Énormité, l’ambassadeur, souhaite adresser aux honorables délégués du Congrès Galactique, de respectueuses salutations…
Le reste des hommages devint inaudible sous les railleries des Défenseurs de la Vertu qui huèrent et sifflèrent leur hôte si peu désirable.
- Qu’est-ce donc que cette horreur ? S’écria une femme.
- C’est ça, un Hutt ? Renchérit un second.
- Vous êtes sûr que ce n’est pas le monstre qui a mangé le Hutt ? S’amusa un troisième. On croirait qu’il vient de nos égouts !
- Peut-être même que leur monde est un égout ! Ajouta un quatrième.
Ces fines remarques les firent se gausser, sous la gêne des sénateurs installés face à eux. Ceux-ci devaient penser que les partisans du Chancelier Suprême donnaient à l’ambassadeur une bien piètre image de la République.
Julius Contispex lui-même paraissait le penser car il n’hésita pas longtemps à se lever de sa chaire pour lancer :
- Allons, silence ! Laissez la parole à l’ambassadeur !
Le calme revint rapidement et le Hutt, un instant déconcerté par le mépris hautain des dignitaires, reprit contenance.
Le droïde rendit plus audible sa longue litanie, détaillant ses réclamations.
- Son Énormité est venue rapporter le courroux du Mogul Suprême et des kadijics, de constater que la République n’a pas respecté ses exigences. Des exigences auxquelles le Chancelier Suprême avait accepté de se soumettre pour sauvegarder une paix durable entre nos peuples. Après avoir envoyé des renforts pour aider la Quatrième Flotte à pacifier les frontières de l’Espace Bothan, la Cinquième Flotte devait être rappelée du Système d’Ubrikkia, avant le versement des indemnités et la libération des deux pilotes.
Gaarba leva alors ses petits bras courtauds pour exprimer une impatience mal contenue.
- Or, il semblerait d’après des éclaireurs et les aveux des voyageurs itinérants faisant escale sur nos stations frontalières, que la Cinquième Flotte soit toujours présente dans ledit système, bien qu’ayant cessé ses activités provocatrices. Le Mogul Suprême se demande si la parole du Chancelier est un drap de vérité honorable, ou seulement un lit de mensonges approfondis qui ne vaut guère la moindre confiance de qui que ce soit.
Les murmures des Défenseurs de la Vertu s’élevèrent tout à coup.
- Ces limaces répugnantes se prennent pour nos égaux !
- Renvoyons-les dans leur fichu égout !
De nouveau, leurs ardeurs furent apaisées par le chambellan. Le Chancelier Suprême prit alors la parole.
- Devons-nous comprendre, ambassadeur Gaarba, que les kadijics n’ont pas l’intention de respecter le nouvel accord ?
Le droïde retranscrit la question au Hutt, qui répliqua en braillant plus fort. Celui-ci se permit de pointer du doigt, le Chef d’État.
- Son Énormité retourne la question à son excellence et aux sénateurs. Il est évident que la République ne conçoit pas le moindre effort en faveur d’une paix durable et que le bien être des deux pilotes capturés ne représente la moindre valeur pour elle.
Ces mots provoquèrent une levée de boucliers, des Défenseurs de la Vertu se dressèrent des gradins les plus élevés pour invectiver et injurier copieusement le Hutt et son escorte, qui se resserra autour de lui, gagnée par la tension ambiante.
- Expulsez-les hors d’ici ! Cria une sénatrice.
- Chassons-les de la capitale ! La soutint un collègue.
Certains jetèrent même des stylus sur les gardes les plus proches, les forçant à brandir leurs armes de jet. La situation pouvait potentiellement dégénérer. Julius Contispex fut convaincu qu’il n’était pas dans son intérêt de laisser cela se produire.
Quant à ses opposants, ils demeurèrent impassibles, murés dans un profond et étonnant mutisme. Ils paraissaient hésiter à s’engager en faveur de l’ambassadeur Hutt. Une attitude prudente néanmoins compréhensible quand on songeait à la réputation sulfureuse des Hutts remontant avant l’apogée glorieuse de leur Empire, sur fonds de conquête, d’asservissement de divers peuples, et de trafics ignobles d’êtres vivants considérés comme inférieurs à cette noble engeance de seigneurs du crime.
Une réputation qui n’encourageait personne à prendre leur parti contre bien pire qu’eux, y compris parmi les non humains.
Enler Mansur ne se départissait pas de son air soucieux alors que Tali Organa, mue par son instinct, se tourna vers le sénateur Kalad qui avait appelé auprès de lui, d’un geste discret du poignet, la sénatrice selkath.
Une nouvelle et brève discussion s’ensuivit et cette fois la dignitaire originaire d’Alderaan ne put en saisir les termes exacts. Lonleth B’lsak reprit sa place avec célérité alors que le chambellan tenta de ramener le calme.
- Allons, allons, chers collègues !
De nouvelles exclamations furent néanmoins lancées.
- Ces immondes impurs souillent l’honneur de la République par leur impiété, leur mauvaise foi et leurs mensonges !
C’était la sénatrice de Kuat qui s’exprimait ainsi.
- Oui ! Approuvèrent ses camarades.
- Ce sont des criminels qui n’ont pas leur place parmi nous. Ils ne méritent même pas de faire partie de cette galaxie ! Nous devons les en purger !
- Oui ! Oui !
- Nous devrions les faire expier sur la Place du Pardon ! Et nous devrions commencer par eux, car c’est la Volonté de la Déesse !
- La Déesse le veut ! Proclamèrent les autres.
Cette hystérie poussa leurs opposants à se lancer dans de brefs échanges. L’Honorable Fraternité et leurs soutiens non humains devaient décider quelle était la conduite à tenir.
- Lançons la croisade ! Lança un autre sénateur.
Ce cri fut repris et scandé en chœur.
- Lançons la croisade ! La Déesse le veut !
Tali Organa sentit l’indignation lui donner la force de parler. Elle se leva du gradin, à la surprise des autres membres installés autour d’elle. Y compris d’Enler Mansur, qui se retournait vers elle.
- Tali ? S’étonna-t-il.
Elle s’empressa de le rassurer avec un sourire maternel.
- Cela ira.
Le commenorien ne protesta pas davantage. De sa voix fluette mais ferme et distincte, elle réclama la parole. Elle s’y reprit à plusieurs reprises, parvenant peu à peu à dominer la mêlée verbale confuse et indisciplinée.
Le chambellan la remarqua finalement.
- La parole est à la sénatrice Organa, d’Alderaan !
Les cris s’estompèrent et la vieille dame sentit la haine des Défenseurs de la Vertu tenter de l’écraser pour l’intimider et la museler. Mais cela faisait bien trop longtemps qu’elle fréquentait cette arène pour se laisser impressionner.
- Comme l’a rappelé son Excellence, le Chancelier Contispex, cette audience a pour but d’arrêter la position définitive de la République concernant la question de ses relations avec les Hutt. Il va de soi que nous sommes préoccupés par la gravité de la situation suite aux récents incidents ayant opposé nos forces stationnées dans le système d’Ubrikkia aux unités militaires des kadijics. L’Honorable Fraternité pense qu’il est dans l’intérêt de continuer à privilégier le dialogue et à ne pas se laisser aller à des excès regrettables.
- La paix avec ces criminels esclavagistes ? C’est de la trahison ! L’interrompit un Défenseur de la Vertu.
- Comment vous osez traiter avec ceux qui n’hésitent pas à envoyer leurs gangs jusque dans les Mondes du Noyau pour kidnapper nos enfants et les envoyer sur leurs immondes marchés aux esclaves ? Renchérit un autre.
Suite à cette envolée, l’ambassadeur Hutt ne put se retenir de réagir.
- Son Énormité proteste contre ces ignobles accusations et rappelle qu’il n’est pas venu pour faire l’objet d’opprobre mais pour proposer des conditions de paix…
- Pas de paix avec ces impurs !
- Déclarons-leur la guerre, pour les forcer à reconnaître la véracité de nos accusations !
Des sénateurs de l’Honorable Fraternité et des dignitaires non humains montrèrent leur opposition.
- La guerre ? S’étrangla un Herglic. Vous avez perdu la raison !
- Cela ne peut pas être décidé ainsi ! Protesta un partisan de l’Honorable Fraternité. Une commission d’enquête doit établir si les accusations contre les Hutt sont fondées.
- Tout le monde connaît la réputation des Hutt ! Riposta un Défenseur de la Vertu. Avons-nous besoin d’une commission d’enquête pour attester de cela ?
Le Sénat devint alors une cacophonie désolante où de part et d’autre des gradins, les dignitaires des systèmes membres se hurlaient dessus sans pouvoir s’entendre et se comprendre. La République semblait irrémédiablement déchirée entre plusieurs courants de pensée.
Julius Contispex dominait cette tempête de cris et d’insultes en basic et en d’autres dialectes, toisant l’ambassadeur Gaarba qui protestait dans le vide, de ses bonnes intentions. Les traductions de son interprète furent bien plus inaudibles encore.
Le Chancelier Suprême observa avec intérêt le sénateur Kalad en train de se concerter avec la selkath Lonleth B’lsak. Il se demandait quels étaient leurs projets. Le représentant d’Alsakan commençait sérieusement à l’inquiéter. Il avait échoué à le faire destituer par son allié, le Premier Régent Melok.
Et ce sénateur n’était pas facilement impressionnable. Il lui paraissait, en y réfléchissant, bien plus redoutable que l’ensemble de l’Honorable Fraternité. Et il ne pouvait pas évidemment l’atteindre aussi facilement.
Jusqu’ici, il était discret mais il était capable d’avoir une influence tout aussi importante que le sénateur Mansur qui baissait la tête, soucieux après avoir sans doute appris la nouvelle de l’arrestation du frère du Consul de Commenor.
Bien, en voilà un qu’il avait réussi à déstabiliser. Sauf si Hassan Kalad prenait les choses en main et remobilisait ses opposants contre lui.
Il fallait le devancer, en gardant la main.
- Faites silence ! Intima-t-il d’une voix assurée.

Voilà, j'espère que cela vous a plu ! Et encore désolé pour le cliffhanger :whistle: ... je sais plus combien de fois je répète ça :transpire: !

Ouiii !!! Convertissez-vous !!! Pius Dea !!!! :x :x :x :x

Allez à la prochaine :hello: :transpire: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 25 octobre 2020, 18:30

Bonsoir à tous, comment ça va ?

Allez on continue sur la politique, le Sénat où le sort des Hutt va être décidé :sournois: !

Savourez-moi ça !!!


Le chambellan répéta l’ordre qu’il avait transmis et le maître de la République imposa son autorité à tous. Il se sentait dans son élément, en exerçant le pouvoir qui lui avait été accordé bon gré mal gré. Pouvoir qui n’était pas encore tout à fait absolu.
- La sénatrice Organa nous fait part de ses inquiétudes concernant l’éventualité d’une guerre ouverte avec les kadijics Hutt. Mais la sénatrice est-elle consciente que l’enjeu ne se résume pas à sauvegarder la paix ?
La sénatrice de Bothawui, Naite’fya, l’interpella alors :
- Alors éclairez cette assemblée sur ce point, Chancelier Suprême.
Tous les regards convergeaient vers lui. Il ne redoutait pas cet instant, au contraire. Il le savourait, se réjouissant d’être le centre de toute chose. Car il demeurerait toujours le premier serviteur de la Déesse.
- Nous savons tous dans cette assemblée, dans l’espace de la République, en quoi consistent les négoces des Hutt. Nous savons tous à quel point cela contrevient à notre éthique et aux lois qui ont été votées et promulguées au cours des siècles qui ont suivi la création de notre République.
- Cela justifie une guerre ! Proclama un de ses partisans.
- Nous ne pouvons pas envoyer nos flottes attaquer sciemment des mondes sous prétexte qu’ils ne respecteraient pas les lois du Sénat ! Argumenta la sénatrice Lonleth B’lsak. C’est contraire aux valeurs démocratiques que nous sommes censés représenter !
- Nous représentons les citoyens et ces citoyens comptent sur nous car ils aspirent à la Vertu et à la Justice !
La selkath soutint le regard hargneux de l’humain chauve qui la prenait à partie et que ses camarades applaudissaient.
- Oui ! Bravo !
- Vous n’incarnez pas la justice mais une croyance que vous cherchez à imposer tous ceux que vous n’estimez pas dignes de vous et de votre Déesse !
La non humaine suscita une violente réaction.
- Cette impure soutient les criminels Hutt !
- Expulsez-la, expulsez-la !
Le Chancelier n’eut qu’à lever la main droite pour apaiser ses soutiens les plus hardis.
- Nous sommes tous conscients du problème des kadijics et de leur influence peu flatteuse qu’ils peuvent exercer sur des systèmes membres de la République.
- Ils corrompent nos valeurs ! Lança un Défenseur de la Vertu.
N’appréciant d’avoir été interrompu, Julius le réduit au silence d’un simple regard.
- Il ne nous reste plus, honorables sénateurs, qu’à décider de la meilleure façon dont il convient de résoudre ce problème.
- La guerre ! Criaient les Défenseurs de la Vertu.
- La diplomatie ! Rétorquaient des membres de l’Honorable Fraternité et des non humains.
- C’est pourquoi je propose de mettre aux voix, une première motion imposant de déclarer la guerre aux Hutt si ceux-ci ne font pas le moindre effort pour coopérer.
L’ambassadeur se mit à beugler d’une voix rauque.
- Son Énormité estime que c’est un outrage d’oser proposer une telle motion.
De part et d’autre des gradins, personne ne tint compte des protestations du délégué des kadijics de Nal Hutta. Tout le monde fut unanime pour réclamer un vote immédiat. Le chambellan ramena le calme et interrogea :
- Qui soutient la déclaration de guerre aux Hutt ?
Sans surprise, les Défenseurs de la Vertu l’approuvèrent en masse.
- Qui vote contre ?
Tous les sénateurs d’en face, bien que divisés, s’unirent pour remporter cette première manche haut la main, ce qui provoqua des sifflets haineux.
- Traîtres ! La Déesse vous châtiera !
Leurs opposants respirèrent mieux, étant certains d’avoir échappé au pire. La perspective d’une guerre ouverte les inquiétait. Cela serait-il suffisant pour leur permettre de continuer à s’opposer au tyran en puissance ?
Tali Organa et Enler Mansur n’en étaient pas sûrs. Les Hutt ne bénéficiaient d’aucune sympathie au sein de la République, ils étaient détestés et méprisés, y compris par ceux qui auraient pu s’interposer devant l’audace du Chancelier Suprême.
- Son Énormité est reconnaissante que cette digne assemblée soit encore pourvue de raison, pour privilégier une approche pragmatique.
Il allait sans dire que Gaarba était soulagé. Mais Julius Contispex n’avait pas dit son dernier mot. Il réclama d’ailleurs la parole, encore une fois.
- Je m’incline devant le rejet de la motion par les délégués de cette assemblée. Mais vous vous doutez bien que cela ne règle pas le problème de l’influence néfaste des Hutt dans les systèmes avoisinants.
Un défenseur de la Vertu leva alors la main. Le chambellan croisa le regard du Chef d’État avant d’opiner du chef en direction de l’intervenant.
- La parole est accordée au sénateur Daresh de Denon.
Il fut applaudi et encouragé par ses camarades.
- Sage Suprême, puisque la guerre a été jugée comme une option non viable par certains de nos collègues, nous devrions envisager une approche moins frontale.
Organa et Mansur frissonnèrent devant l’imperceptible sourire triomphant de Contispex.
- Que proposez-vous, frère Daresh ?
Son expression radieuse laissait à penser qu’il avait calculé cette intervention.
- La guerre étant une perspective effrayante aux conséquences imprévisibles et aux causes controversées, un embargo sur les échanges plus ou moins libres entre l’Espace Hutt et les systèmes les proches appartenant à la République me semble être la meilleure réponse pour montrer à ces cartels criminels, la puissance de notre détermination.
Le droïde interprète traduisit la déclaration de Daresh à son propriétaire Hutt. La grande limace agita ses bras dans un mouvement de colère.
- Son Énormité constate que la fourberie de la République ne connaît décidément aucun limite. Les kadijics sauront répondre avec fermeté à cette atteinte à leur liberté d’entreprendre, si le Sénat commet l’erreur de l’approuver.
Ce ne fut pas l’avis des Défenseurs de la Vertu qui ne cachaient pas leur enthousiasme à cette initiative intéressante. Un flottement se produisit même parmi leurs opposants, certains n’étant pas réticents à l’idée que les Hutt avaient sans doute besoin d’une leçon. Des murmures animés traversaient leurs rangs.
Le sénateur Daresh qui avait achevé son intervention, se tassa de nouveau.
- S’il plaît à cette assemblée, reprit Contispex, je propose la mise aux voix de la motion suivante : un embargo total sur les exportations de marchandises et d’armes en direction de l’Espace Hutt. Un embargo auquel il sera mis un terme définitif si les kadijics de Nal Hutta font le premier pas vers une obéissance absolue aux exigences que nous ne cessons de formuler en faveur de la paix.
- Attendez ! Tenta Organa. Ce n’est pas comme cela…
- Silence ! Place au vote ! L’interrompirent ses ennemis.
Gaarba demeura silencieux tandis que le chambellan interrogea peu après d’une voix distincte.
- Qui soutient l’instauration de l’embargo ?
Les Défenseurs de la Vertu affichèrent un soutien indéfectible et prévisible. Tali Organa se pencha vers son ami commenorien.
- Nous devons nous y opposer, Enler.
- Nous devrions, oui.
Son ton raide trahissait son manque de conviction. Et cela interpella l’alderaanienne qui se demandait si elle pouvait compter sur lui.
- Qui s’oppose à l’embargo ?
Tali Organa dressa sa frêle main avant de tourner la tête dans toutes les directions. Pour remarquer avec amertume que bien trop peu l’avaient imitée. Une dizaine, tout au plus. Enler Mansur n’en faisait pas partie, à son grand désarroi.
- Enler ? Appela-t-elle.
Elle espéra un instant qu’il revint à la raison. En vain.
- Je suis désolé, Tali, répondit-il finalement par-dessus son épaule. Mais une vie est en jeu et les Hutt ne valent pas un tel sacrifice.
Elle comprit qu’il faisait allusion au frère du Consul, emprisonné par les fanatiques du culte sur Coruscant même. Elle le comprenait tout en étant désappointée. Elle ne pouvait pas croire que lui, le chef de file de l’Honorable Fraternité puisse oublier, l’espace de l’instant, que l’enjeu de la survie d’une démocratie vaille moins qu’une vie.
Un tel enjeu ne valait pas la peine d’être sacrifié ainsi.
Et malheureusement, beaucoup d’autre sénateurs le pensaient aussi. Elle pivota le torse vers Kalad, impassible, qui n’esquissait pas le moindre geste. Son expression était fermée, le signe d’un bouillonnement intérieur, l’attitude de celui qui répugnait à laisser l’avantage à un adversaire si impitoyable.
Un antagoniste qui ne manqua pas de savourer cet avantage d’un simple sourire narquois, tout comme ses partisans qui fêtèrent bruyamment leur triomphe quand le chambellan annonça en claironnant :
- La motion est acceptée.
- La Déesse le veut ! Acclamèrent les Défenseurs de la Vertu.
Gaarba tonna qu’il s’agissait d’un outrage inadmissible pour les orgueilleux kadijics qu’ils représentaient. Il fut hué, moqué et sifflé par ses détracteurs dont l’un lui lança même sans la moindre gêne :
- Retourne dans ton égout, grosse limace vaseuse !
Craignant d’être pris à partie physiquement, le Hutt aboya un ordre à l’un de ses gardes klatooiniens. L’escorte se resserra autour de lui et ils quittèrent la Grande Salle au moment où le chambellan signifia que les débats étaient clos pour aujourd’hui.
Toujours aussi provocateurs envers leurs ennemis déconfits, les Défenseurs de la Vertu partirent en grande pompe, le Chancelier à la suite. La Grande Salle était plongée dans un silence lourd, occupée seulement par des opposants défaits et sans illusion.
Ceux-ci abandonnèrent peu à peu les gradins qu’ils occupaient. Tali Organa remarqua que certains d’entre eux furent retenus par la sénatrice B’lsak qui s’entretint vivement avec eux, la voix filtrée par le brouilleur qu’elle avait activé.
Hassan Kalad avait été rejoint par la sénatrice Naite’fya de Bothawui et le sénateur Iyulk de Lannik. Là aussi, elle ne put saisir la teneur de leur conversation.
Un frôlement de tissu lui indiqua que Enler s’apprêtait à prendre congé sans échanger un mot avec elle.
- Enler, attendez ! Le supplia-t-elle.
Le commenorien se montra sensible à son appel même s’il hésita à lui faire face, ce qu’il accepta finalement de faire.
- Quelle piètre opinion vous devez avoir de moi, Tali, souffla-t-il avec lassitude.
- Enler, vous êtes meilleur que votre père. Vous devez continuer à croire qu’il est possible de se relever après une chute.
- Les Hutt vont subir un embargo qui va les ruiner et les affaiblir. Ils vont servir d’exemple à toute la galaxie, à tous ceux qui refuseront de se convertir à ce culte. Tout ça parce que je n’ai pas eu assez de courage.
- Vous ne manquez pas de courage, mais pourquoi pensiez-vous que cela aiderait le frère du Consul ?
Cette fois, il parvint à soutenir son regard interrogateur.
- Avez-vous une idée du nombre d’ennemis qui guettent le bon moment pour me poignarder dans le dos sur mon monde natal ? Une idée de l’influence de ces fanatiques qui appellent à mon meurtre dans chacun de leurs prêches publics ?
- Vous pensez que votre faiblesse momentanée les apaisera ? Au contraire, vous ne faites que les pousser à vous nuire davantage.
- Je crains mes ennemis. Et vous devriez le faire aussi avec les vôtres, Tali.
- Je sais qui sont mes ennemis, Enler. Et la Maison Organa ne leur cédera rien. Maintenant, la question est de savoir ce que nous allons faire.
Il acquiesça en croisant les bras.
- Vous devriez me remplacer à la tête de l’Honorable Fraternité. Après ce qui vient de se passer, je doute qu’ils acceptent de me suivre.
- Ne parlez pas ainsi, Enler ! Vous valez mieux que ça !
La voix du sénateur Kalad s’éleva au-dessus d’eux.
- Je suis d’accord avec la sénatrice, sénateur Mansur. Vous valez mieux que ça.
Le commenorien dévisagea l’alsakani avec sévérité.
- J’avais une excuse pour m’abstenir lors du vote sur l’embargo, quelle est la vôtre ?
Kalad décroisa les bras, soutenant son regard.
- Je vous l’avais dit lors de notre dernier entretien, sénateur Mansur. Pour ne pas se faire mordre par l’aigle à deux têtes, il faut endormir sa méfiance. C’est ce qui vient d’être fait.
- Dans quel intérêt, intervint Organa, à part pour consolider sa position, son influence et sa popularité ?
L’alsakani garda le silence pendant quelques instants, surveillant les discussions des sénateurs encore présents.
- Contispex croit vous avoir brisé après l’arrestation du frère du Consul de Commenor, votre allié. C’est pourquoi il ne se méfiera plus de vous. Nous pourrons tourner cela à notre avantage.
- Il ne baissera pas la garde aussi facilement, prévint l’alderaanienne.
- Après vingt ans de pouvoir, il doit penser qu’il n’a plus d’adversaires à sa hauteur, insista Kalad.
- Si c’est à une destitution que vous songez, il y a peu de chances que cela fonctionne. Vous avez vu ce qui s’est passé aujourd’hui, fit observer Mansur. Ceux qui prétendent nous soutenir ne sont pas déterminés à le renverser.
- Il existe d’autres voies que le Sénat.
Mansur et Organa échangèrent un coup d’œil suspicieux. De concert avec Kalad, ils activèrent leurs brouilleurs.
- Sommes-nous en train de parler de complot ? Interrogea-t-elle.
L’alsakani se contenta d’abord d’un sourire entendu.
- Je préférerais parler d’alternative.
- Ne jouons pas sur les mots, le reprit sèchement son homologue de Commenor. Sommes-nous à ce point désespérés pour nous abaisser à ces extrémités ?
- Il s’agit seulement d’une destitution par d’autres moyens, sans qu’il ne soit question d’écarter ou de négliger le rôle du Sénat.
Enler Mansur ne cacha pas une expression contrariée tandis que Organa fit part de son appréhension.
- Cela pourrait entraîner une guerre civile.
- Seulement si nous échouons, sénatrice. Quoi qu’il en soit, il est préférable que nous poursuivions cette discussion dans un endroit plus approprié.
- Où et quand ? S’enquit Mansur.
Hassan Kalad dissimula sa satisfaction d’avoir éveillé leur intérêt bien que le sénateur Mansur se montrait très réticent.
- Dans trois jours, mon peuple célébrera la Danse du Vautour Multak. À cette occasion, mon ambassade organisera un bal costumé. Je serais ravi et honoré que vous y participiez. Si vous êtes d’accord, bien entendu.
Tali Organa signifia son approbation d’une inclinaison du menton.
- Ce sera un plaisir de découvrir les coutumes de votre peuple, sénateur Kalad.
- Je vous en sais gré, sénatrice. Sénateur ?
Le commenorien semblait rongé par l’hésitation.
- J’ai besoin d’y réfléchir.
- Fort bien. Si vous changez d’avis, il vous suffira de contacter la sénatrice B’lsak.
Les traits toujours crispés par l’indécision, Mansur signifia son assentiment, lui promettant ainsi tacitement de le contacter par cette voie.
- Y aura-t-il beaucoup d’invités ? Demanda la sénatrice.
- Je ferais tout pour que ce soit le cas, lui promit-il. À bientôt, mes amis.
- Bonne journée, sénateur Kalad.
Les deux amis regardèrent l’alsakani s’éloigner sans un mot de plus.
- C’est une opportunité que nous devrions saisir. Nous n’en aurons pas d’autres, déclara-t-elle.
- Si vous le dites, Tali. mais j’ai besoin d’un peu de temps pour mesurer les conséquences de notre implication.
Mansur s’attendait à ce que l’alderaanienne insiste encore pour le ranger dans son camp mais elle se contenta seulement de lui serrer le coude avec chaleur.
- Je vous soutiendrai toujours, Enler. Quelle que soit la décision que vous prendrez.
- Je vous tiendrais au courant.
Il prit congé et descendit les gradins. Le large corridor qui menait à la sortie et à la sinistre Place du Pardon, était occupé par des groupes de Défenseurs de la Vertu, qui se réjouissaient de l’issue du vote sur l’embargo de l’Espace Hutt.
Enler les rasa sans prêter attention à leur mimiques provocantes. Il fut intercepté par une vieille connaissance, Julius Contispex. Celui-ci affichait une expression ravie, témoignage de son triomphe politique frais sur l’épineuse question Hutt.
- Ah, sénateur Mansur, j’espérais pouvoir m’entretenir avec vous.
Le commenorien fronça les sourcils, irrité.
- Je n’ai que très peu de temps devant moi, Excellence.
- Parce que vous souhaitez voir le frère du Consul de Commenor.
Il ne se laissa pas démonter.
- C’est exact. Si vous voulez bien m’excuser.
Il tenta de le contourner mais Contispex se décala pour le bloquer. Avec un sourire allongé.
- Vous devez savoir que vous ne pouvez entrer dans le Temple de la Grande Déesse sans la permission du Grand Prêtre Imesais.
- C’est dans cette intention que je souhaite le rencontrer, répondit le commenorien avec le plus grand calme.
Après s’être défiés du regard, Contispex s’écarta finalement.
- Dans ce cas, permettez-moi de vous accompagner, proposa ce dernier.
Ils se dirigèrent vers la sortie d’un pas vif alors que le Chancelier Suprême poursuivit, tout en saluant de la main ses partisans.
- Je vous suis reconnaissant de ne pas vous être opposé à l’embargo.
- Je ne l’ai pas fait pour vous, corrigea le commenorien.
- Je sais mais je souhaite tout de même vous être agréable.
- Je ne souhaite rien vous devoir d’aucune façon que ce soit, trancha-t-il plus sèchement.
- Considérez cela comme une simple courtoisie de ma part.

Voilà, j'espère que cela vous a plu ! N'hésitez pas à me faire de vos impressions :oui: :cute: !

Vous aurez noté que ce tome 2 est au moins aussi politique que le tome 1... mais vous n'avez encore rien vu :diable: ! Héhéhé...

Allez à la prochaine pour la suite :hello: !

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Re: Pius Dea: L'ère des Tyrans (2ème Partie)

Message par mat-vador » 01 novembre 2020, 17:27

Bonsoir à tous, :x !

Hum, toute réflexion faite, je mets l'extrait suivant en balise spoiler :transpire: ! Parce que bon, la crucifixion..., mieux vaut épargner ça aux âmes sensibles :paf: !


Sur ces mots, la Place du Pardon s’offrit à leur vue depuis le haut de l’escalier qui marquait l’entrée du Sénat. Comme Mansur le craignait, la présence de centaine de Disciples de Hapos et d’une foule apeurée, rassemblée contre son gré, marquait le déroulement d’une nouvelle cérémonie d’Expiation.
Sur l’échafaud, était amené de force un devaronnien seulement vêtu d’un simple pantalon déchiré et les mains enchaînées. Son torse nu portait les traces de sévères châtiments corporel et il ne cessait de se débattre alors que Deux Disciples de Hapos l’approchaient d’une grande croix allongée par terre.
- Non, non ! Criait-il de terreur.
D’autres Disciples de Hapos intervinrent pour le plaquer sur le dos, sur la croix. Une femme chauve s’avança, munie d’un marteau et de clous, l’air impavide.
La foule cessa de respirer, comprenant ce qui allait lui arriver. À coté se tenait le Prêtre Imesais qui faisait face à la foule, tenant par les cheveux, une jeune humaine blonde en robe de pénitente. Ses yeux étaient embués de larmes.
- Frères et Sœurs, cette pécheresse a confessé ses fautes devant la lumière de la Grande Déesse ! Elle a avoué le crime le plus infâme qui puisse être pour une Enfant de la Déesse, une humaine ! Elle a cédé aux tentations d’Amaleth en s’abandonnant à l’étreinte de cet impur, ce devaronnien qui lui a fait oublier ses devoirs d’épouse et de mère de famille !
Au pied de l’échafaud, au premier rang, se tenait le mari floué et leurs deux enfants qui se serraient contre leur père. L’humain foudroyait sa femme de colère, ne lui pardonnant visiblement pas cet adultère.
Le devaronnien s’agita pour tenter de rassurer sa maîtresse.
- Tout se passera bien, Yitine.
Il fut plaqué plus fermement encore, incapable de bouger. Yitine tenta de se redresser.
- S’il vous plaît, Grand Prêtre. Je suis la seule responsable…
Imesais la dédaigna, se contentant de crier à la foule :
- Quelle est votre sentence, frères et sœurs ?
- Crucifiez cet impur ! Que l‘apostate expie !
L’extraterrestre parvint à se faire entendre.
- Non, ne lui faites pas de mal ! C’est moi le coupable !
Sur un ordre du prêtre, l’humaine fut relevée de force par deux Disciples de Hapos tandis que des Gardiens de la Pureté beuglèrent, les traits tordus par la haine.
- Cette traîtresse à la race humaine mérite de mourir ! Catin !
La dénommée Yitine fut entraînée sous le gibet et ses poignets furent hissés au-dessus de sa tête par des chaînes. Les adeptes inflexibles l’obligèrent à faire face à la foule puis déchirèrent le haut de sa robe pour laisser son dos exposé.
- Que la purification lui permette l’absolution de la Déesse ! Proclama le prêtre.
- Qu’elle soit absoute de ses péchés ! S’écrièrent les adeptes.
Le devaronnien protesta :
- Ne la touchez pas !
Imesais se tourna dans sa direction et la femme du culte qui tenait le marteau et les clous, se pencha pour accomplir son office. Elle leva le marteau et l’abattit d’un coup sec pour enfoncer le morceau de duracier dans la paume gauche du condamné.
Le devaronnien laissa échapper un hurlement aigu tandis qu’elle clouait consciencieusement sa main droite puis ses deux chevilles ensemble. Cela fait, les cinq Disciples de Hapos soulevèrent la croix et l’extraterrestre qui gémissait à moitié inconscient. Ils descendirent l’échafaud et la foule se fendit, choquée par ce sort funeste.
Tous savaient que les fanatiques l’emmenaient pour l’exposer à la vue de tous sur l’Allée de la Foi, où son agonie ne ferait que commencer sous l’effet de la soif et de la faim. Histoire d’appesantir un peu plus sur la population un zeste de terreur.
L’humaine le regarda disparaître, en sanglotant. Avant que le martinet électrique ne déchira sa peau.
- Invoque la pardon de la Déesse et de ceux que tu as lésés, apostate ! Lui réclama Imesais. Et tu pourras te racheter en rejoignant les Servantes de Kasili !
Elle le fit, la voix hachée, à son mari et à ses deux enfants en bas âge :
- Pardon… pardon.
Ni sa progéniture, ni son époux trompé, ne daignèrent la regarder. Il se détournèrent finalement pour la laisser seule.
Enler Mansur avait été secoué par cette scène, n’arrivant pas à croire que ce cauchemar continuait, en plein cœur de la République. Julius Contispex l’avait laissé pour se diriger vers l’échafaud et s’entretenir avec le Grand Prêtre.
Le commenorien les vit se pencher l’un vers l’autre et cela l’aida d’une certaine façon à ignorer les souffrances de la femme. Son ennemi politique revint rapidement pour lui lancer :
- Tout est arrangé, annonça-t-il d’un ton péremptoire. Il ne vous reste plus qu’à attendre que la cérémonie d’Expiation se termine. Profitez du spectacle et j’espère que votre visite au Temple de la Grande Déesse vous sera tout aussi instructif.
Mansur serra les dents.
- Si vous le dites.

Voilà, j'espère que cela vous a plu... enfin intéressé :whistle: !

Allez à la prochaine :hello: !

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